LXX - Ta Page Nocturne

L X X -  Ta Page Nocturne

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en mime solitaire...


Je te sais le sourire assoupi sous les pleurs
Qui cherchent la fissure où s'écouler, fragiles,
Brisés tels un cristal en milliers de couleurs
En traçant sur ta joue une larme indocile…

Et l'an se renouvelle encore entre tes doigts
Pour te laisser au seuil du silence qui doute
Et te berce au contact d'une page de froid
Où l'encre devient gel dès que rien ne s'écoute.

Si le ciel est trop gris dans le creux de tes vers
Peut-être est-ce le temps où les heures sont vides
Qui te semble trop long, trop loin, trop à l'hiver
Lors d'étés dénoués en lignes impavides…

Or les palais de nuit n'abritent le soleil
Que si la lune meurt en supplique aux étoiles
Si demeurent toujours au gré de ton sommeil
Ces brillants regards au noir filaire des toiles…

Quand les vents sur le quai invitent le brouillard
À venir sous tes yeux tisser des solitudes
Que l'on n'aperçoit plus drapé des cauchemars
Et ce jour s'inventait en ombres d'interludes !

Tous ces trains qui s'en vont sans t'emporter en eux
Laissent un goût amer sur le bord de tes lèvres
D'où s'échappe un soupir, tes souffles se font nœuds
Dans le fond de ta gorge où s'endorment tes fièvres.

Tous les rails ne sont d'or et j'en vois se briser
En t'imaginant entre, en t'en voulant sauvée
Car la rouille parfois s'inverse d'un baiser
Pour renaître en un monde aux averses rêvées…

La page qui s'écrit sur l'envers de tes mains
Se froisse doucement au nocturne d'un rire
Que j'espère souvent fleuri en lendemain
Aux contours de ta vie où l'amour reste à dire.